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Épisode #33 : Marc ESTAT
Ancien cadre dirigeant au sein d’une grande société, Marc ESTAT* est l’auteur de Néantreprise : dans votre bureau, personne ne vous entend crier, journal de bord acerbe sur les méandres de l’entreprise, aux confins du bore-out, du burn-out et du brown out.
Moi président, je ferai en sorte de rétablir la notion “ d’impondérable ” dans la justice. Car la judiciarisation galopante de la société génère l’effet pervers consistant à trouver systématiquement un coupable à tout incident ou accident. Cela commence à scléroser notre société et en particulier le monde du travail où la moitié de l’énergie des grosses sociétés est stérilement dépensée pour couvrir ses arrières, notamment à propos de la sécurité des personnes, du droit du travail et du développement de nouvelle technologies. Cette énergie est inutile car elle ne sert en rien à faire progresser les choses mais est uniquement destinée à se protéger soi-même en tant que personne, manager, collègue ou en tant qu’entité juridique.
Or parfois, il faut savoir admettre que certains problèmes résultent d’une simple malchance, d’une conjonction d’éléments fortuits et pas forcément d’un laxisme, d’un manquement, d’une faute ou d’une intention de nuire. “ Irresponsable ” : c’est le mot le plus prononcé par les leaders d’opinions ces dernières années. Dans tout sujet de société, on trouve désormais les irresponsables honnis contre les responsables immaculés. Or, même le plus vertueux des responsables peut demain renverser par un coup du sort une fillette qui aura traversé en courant derrière un bus. Mais le citoyen moderne n’accepte plus qu’un impondérable perturbe le fonctionnement huilé de son parcours de vie. Désigner un coupable permet de mettre un nom sur nos maux ; et comme en médecine, si connaitre le nom de la maladie qui nous frappe ne guérit pas, ça fait toujours du bien.
À ce titre, je réduirai les normes de sécurité aberrantes qui entravent le monde du travail. L’amélioration de la sécurité est évidemment une bonne chose mais nous avons quitté le terrain de la sécurité pratique pour entrer dans l’ère de la sécurité bureaucratique consistant à produire perpétuellement les bons papiers attestant que l’on est hors de cause si un accident survient. Chat perché ! Mais s’il y a une chose qui est toujours vraie, c’est que ce temps et cette énergie consacrés à éditer le bon formulaire ne sont pas utilisés pour améliorer concrètement la sécurité sur le terrain.
Moi Président, je créerai enfin un “ permis de vote ” que tout citoyen devra passer pour être autorisé à s’exprimer lors d’élections représentatives. Ce test sera composé de questions élémentaires d’éducation civique et d’histoire du XXe siècle. Car il semble paradoxal qu’un citoyen puisse utiliser ce système si fragile qu’est la démocratie pour le retourner contre lui-même. Depuis une dizaine d’année, les gens votent comme ils likent sur Facebook. Or voter n’est pas anodin. Il faudra donc que chaque citoyen fasse la preuve qu’il comprend ce qu’est la démocratie avant de devenir un électeur. Car s’il y a bien un domaine où il existe véritablement des responsables et des irresponsables, c’est bien celui-là.
Marc ESTAT
* L’auteur ne souhaite pas apparaître punliquement
ADEKWA Avocats
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