Tribune
Nombre de palais de justice, à commencer par le dernier imaginé au cœur de notre Capitale, et de salles d’audience voient aujourd’hui pulluler les installations de très mauvais goût, au premier rang desquelles figurent les boxes vitrés, véritables cages odieuses dépourvues de toute humanité.
Phénomène marginal il y a encore quelques mois, ces clapiers tendent à devenir la norme, au nom d’un pragmatisme économique et sécuritaire scabreux et douteux.
Sinon à vouloir que nos tribunaux et nos cours ne se transforment en d’indicibles zoos, il est absolument vital de monter au créneau. De commencer, ou de continuer à le faire. Ensemble. Avocats, magistrats, professionnels du droit, et, bien plus largement, citoyens de toutes sensibilités et de toutes activités.
Il en va du devenir des droits de la défense.
En cage ou dans un box, les prévenus sont présumés coupables,
En cage ou dans un box, les prévenus sont déjà derrière les barreaux,
En cage ou dans un box, les prévenus sont indéfendables,
En cage ou dans un box, la justice n’est plus humaine.
Peut-on même, encore, user du mot « justice » ?
De tels dispositifs entraînent de surcroît de sournois biais psychologiques et influencent nécessairement, négativement, les acteurs du procès, à commencer par les magistrats eux-mêmes.
Comme le budget alloué à la justice depuis des décennies, ces installations sont désormais gelées. Mais celles déjà installées, d’un verre policé, elles, restent de marbre. Et il serait bien naïf de penser qu’elles ne trouveront pas de résonnances dans les mois ou années à venir, au détour de nouvelles parades ou rodomontades.
Comme le veut l’adage, qui ne dit mot consent !
Notre fronde se doit d’être à la hauteur de l’enjeu.
Il est de notre devoir de réprouver sans ménagement ces dispositifs lâches et infâmes et de faire entendre notre voix : nous avocats soucieux d’une justice impartiale, nous citoyens soucieux de faire respecter les droits de la défense, nous justiciables soucieux du droit à un procès équitable.
Et peut-être qu’un jour, nos futurs confrères, comme les justiciables du XXIIe siècle, nous remercieront d’avoir porté haut et fort ce combat.
En attendant de faire l’histoire, il est urgent de cesser d’en raconter.
En verre et contre tous !
Philippe SIMONEAU
Associé ADEKWA Avocats
Victor MOLLET
Dircom ADEKWA Avocats
D’un blanc immaculé, le nouveau palais de justice de Paris, ultra-sécurisé et dénué de tout âme, ressemble bien davantage à un panoptique digne d’un centre pénitentiaire qu’à un lieu d’audiences et de débats contradictoires…
ADEKWA Avocats
Cabinet d’avocats
Lille – Douai – Valenciennes – Bordeaux