Interview x Laurent GOUNELLE

 

 

 

Je suis un idéaliste qui caresse l’espoir qu’un jour tous les hommes soient heureux »

 

 

 

Pour devenir lui-même et s’émanciper, Laurent Gounelle a vite abandonné une carrière dans la finance qui s’annonçait prometteuse pour se consacrer aux sciences humaines et à la philosophie. Fort de ses voyages et rencontres, il publie son premier roman en 2008, à l’âge de 42 ans : L’Homme qui voulait être heureux. Le succès est immédiat et planétaire. Avec une plume limpide et chaleureuse, Laurent Gounelle partage depuis son regard sur la vie et le bonheur.

Rencontre bienveillante avec un homme affable et raffiné.

 

 

 

ADEKWA Avocats Lille - AUDIENCE #5 - Laurent GOUNELLE - Victor MOLLET

 

 

 

|  propos recueillis par Victor MOLLET, Dircom ADEKWA Avocats  |

Directeur de la Rédaction d’AUDIENCE

 

 

 

Pourquoi avez-vous décidé de fuir votre carrière de cadre dans la finance, entamée au sortir de votre bac +5 ?

J’avais bien aimé mes études économiques et financières, stimulantes intellectuellement, mais l’entrée dans la vie active m’a très vite amené à réaliser que je n’étais pas fait pour analyser des colonnes de chiffres à longueur de journée…

 

 

Vous vous êtes alors replié sur la psychologie et la philosophie…

J’ai décidé de faire de ma passion mon métier, pour reprendre la définition que Balzac donnait au bonheur. Je me suis formé aux sciences humaines, en me libérant de l’exigence d’une voie classique aboutissant à un diplôme. J’avais suffisamment de diplômes, qui ne me servaient plus à grand-chose, et je n’avais que faire d’un diplôme de plus en psychologie. Alors j’ai choisi mes lectures puis mes formations en me centrant sur les seuls domaines qui m’intéressaient, ce qui m’a amené dans différents pays et surtout aux Etats-Unis, à la pointe de la recherche dans ce domaine. Je suis ensuite devenu consultant en relations humaines pour des entreprises, métier dans lequel je me suis épanoui durant une quinzaine d’années.

 

 

Que conseillerez-vous aux entreprises aujourd’hui ?

En positif, je dirais que les entreprises, contrairement à d’autres domaines de notre société, sont obligées de s’adapter et d’évoluer en permanence, faute de quoi elles meurent.

En négatif, la concurrence accrue, voire déloyale, qu’elles subissent du fait d’une mondialisation peu régulée les conduit à trop se focaliser sur les bénéfices à court terme, parfois au prix d’une pression forte sur les équipes. Mais la pression ne produit des résultats que sur de courtes périodes. À terme, elle est dévastatrice des relations et de la qualité. Les managers et les entrepreneurs gagneraient à garder à l’esprit qu’un collaborateur donne le meilleur de lui-même lorsqu’il s’épanouit dans son activité et son équipe. Le style de management doit certes l’amener à relever des défis et à se surpasser, tout en le mettant dans une relation de confiance avec la hiérarchie qui pérennise sa situation.

 

 

Quel rôle la lecture a-t-elle joué dans votre évolution et votre construction personnelle ?

La lecture a joué pour moi un rôle essentiel à tout point de vue. La littérature m’a appris à comprendre les gens, et notamment ceux qui étaient différents de moi, dans leurs valeurs comme dans leur personnalité. Lisez Dostoïevski et vous en saurez beaucoup sur la psyché humaine !  Les recueils de psychologie m’ont quant à eux permis d’accéder à de précieuses connaissances formulées par de grands chercheurs ou praticiens, vivants ou disparus. Les écrits des philosophes m’ont permis et me permettent toujours de voir le monde autrement et d’accéder un tant soit peu au mystère du sens de la vie.

 

 

Pourquoi avoir finalement décidé d’écrire ?

Je voulais retransmettre les plus utiles des connaissances auxquelles j’avais eu la chance d’accéder. La connaissance de soi, des autres, de ce qui peut nous permettre de bien vivre notre vie ne s’apprend pas sur les bancs de l’école. Et pourtant, peut-on vraiment s’en passer ?

 

 

Vous publiez votre premier livre en 2006 : L’Homme qui voulait être heureux, qui devient un best-seller mondial, traduit dans trente-huit langues… Comment avez-vous accueilli cet incroyable succès ?

Je l’ai accueilli de manière assez neutre car je n’ai jamais écrit pour moi. J’étais heureux de voir que les lecteurs trouvaient profit à me lire, mais j’ai toujours gardé une grande distance, pour ne pas dire méfiance, vis-à-vis du succès : s’identifier à lui est la meilleure façon de se perdre…  

 

 

D’ailleurs, quelle est votre définition du bonheur ?

On est heureux quand, ayant appris à se connaître et à se libérer de ses illusions, on choisit de vivre conformément à ses valeurs et à ses idéaux, à l’écoute de ses aspirations profondes, en étant pleinement conscient de sa connexion avec les autres êtres vivants.

 

 

En 2016, vous publiez Et tu trouveras le trésor qui dort en toi… Comment trouver ce trésor ?

Il y a 2 500 ans, les sages de la Grèce antique avaient inscrit des devises au fronton du temple d’Apollon à Delphes. Tout le monde a retenu la première, « Connais-toi toi-même », reprise par Socrate. Se connaître permet notamment, au prix d’un travail sur soi, de découvrir la part de divin qui se trouve au fond de nous. Pourquoi est-ce si difficile pour la plupart des gens d’y accéder ? Parce que nous sommes tentés d’exister à travers autre chose que ce que nous sommes réellement, en s’accrochant à de fausses identités, de fausses représentations de nous-mêmes : notre profession, notre image, nos possessions…

Pourtant, les sages de la Grèce antique avaient inscrit une autre devise, que le monde entier semble avoir oublié : « Rien de trop ». Ils nous invitaient ainsi à ne pas nous prendre pour ce que l’on n’est pas. On devient qui l’on est véritablement quand on s’est libéré de nos fausses identités…

 

 

Qu’est-ce qui permet selon-vous à l’homme de s’élever et de se révéler ?

Les Américains ont coutume de dire « What you focus on expands! ». Mettre notre attention sur ce qui fait de nous une meilleure personne nous emmène naturellement dans ce sens.

 

 

Que recherchez-vous dans votre travail d’écriture ?

Partager, transmettre. Je suis un passeur, un pédagogue. J’aime passionnément prendre des idées complexes et les rendre simples, accessibles à tous.

 

 

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Tout m’inspire : tout ce que je vis, vois et entends. Mes rencontres et mes discussions avec des sages, des philosophes, des enseignants, des chercheurs, mais aussi avec tout un chacun. La vie se charge de mettre sur notre chemin tout ce qui peut nous permettre d’évoluer et d’avancer sur notre chemin. A nous de le repérer et de savoir recevoir les messages…

 

 

Quelle est votre citation ou maxime favorite ? Que signifie-t-elle pour vous ?

Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui déplore les effets dont ils chérissent les causes ». J’y songe à chaque fois que j’entends des gens se lamenter sur la situation de la société…

 

 

Nourrissez-vous aujourd’hui de nouveaux projets ou défis ?

Je travaille à un nouveau roman, dont l’écriture représente pour moi un défi tant les risques sont grands en abordant ce thème. Cela faisait près de dix ans que je souhaitais l’écrire…

 

 

Un vœu, un souhait, un espoir en guise de conclusion ?

Je suis un idéaliste qui caresse l’espoir qu’un jour tous les hommes soient heureux. On peut bien sûr y voir une certaine naïveté. Je concèderais volontiers que c’est utopique, mais je suis bien placé pour savoir que chacun de nous a pourtant en lui la capacité d’être heureux. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

AUDIENCE #5

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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